Jeux d’esprit |
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Le Festival Sine Nomine 2009, construit sur le thème des musiques spirituelles, réunit des œuvres d’horizons, de caractères et d’esprit très différents, à même de traduire l’immense étendue des significations des mots spirituel et esprit. Quel lien en effet entre un mot d’esprit, un jeu d’esprit, les esprits qui nous hantent et le domaine du sacré et du religieux ? Mettre en lumière ces relations par le biais de la musique, tel est le défi passionnant que pose la réalisation du Festival Sine Nomine 2009. Le caractère religieux de certaines pièces ne fera toutefois pas de cette édition un festival de musique sacrée : bon nombre des œuvres d’esprit qui sont au programme et qui constituent la grande musique de chambre s’y sentiraient à l’étroit …
Au programme, deux oeuvres étonnantes, considérées comme sommets de la musique de chambre du XXe siècle, et relevant de la musique religieuse pure : le magnifique et très catholique cycle du Miroir de Jésus de André Caplet, très rarement joué, et l’emblématique Quatuor pour la fin du temps, de Olivier Messiaen, son héritier spirituel, écrit dans des conditions extrêmes à l’intérieur d’un camp de prisonniers en 1941, inspiré par l’Apocalypse de Saint-Jean.
Le Festival Sine Nomine 2009 célèbre le bicentenaire de deux grands compositeurs en leur donnant une place centrale: Félix Mendelssohn (né en 1809) et Joseph Haydn (mort en 1809).
Mendelssohn, musicien spirituel s’il en est, maître de l’évocation en musique du monde des fées et des elfes, à qui l’on doit la renaissance de la musique de Bach. Haydn, père fondateur du quatuor à cordes, représente la figure essentielle de cette édition. Enfant des lumières, composant une musique qui procure au public comme aux interprètes le plaisir spirituel le plus immédiat, il était lui aussi inspiré dans ses œuvres par une foi profonde. Avec les Sept dernières paroles du Christ, seul quatuor à cordes à contenu éminemment sacré avec une succession de huit mouvements lents (quel défi pour un compositeur !), Haydn crée une œuvre charnière, préfigurant les grands adagios du répertoire du quatuor à cordes à venir et marque une sorte de transfert de certains contenus spirituels exprimés jusqu’alors dans la musique d’église vers le grand répertoire de la musique de chambre.
En parallèle seront interprétées de grandes œuvres issues du cœur du romantisme allemand, de Brahms, Bruckner et encore Mendelssohn, que concluent en apothéose des chorals d’inspiration luthérienne ou catholique. Du Quatuor op. 132 de Beethoven, le mouvement central, Le Chant de louange, déploiera son choral à la forme et à l’harmonisation très audacieuse, témoignage émouvant de foi individuelle.
Fallait-il être croyant pour composer les Variations Goldberg ? La question se pose, car rien, à première vue, ne relie ce pur jeu d’esprit à une croyance. C’est pourtant le testament musical du plus grand compositeur de musique sacrée de tous les temps : Johann Sebastian Bach. |